Lorsque Koko, invitée à se produire à une manifestation publique devant la Présidence, met tout son cœur dans une chanson que sa grand-mère lui a apprise, la voilà coupable d’avoir offensé les autorités de son pays.
Jetée au cachot puis contrainte à l’exil. Il s’est fait avoir, le haut dignitaire qui l’avait sélectionnée pour le concert officiel. Il ne pouvait pas deviner qu’elle chanterait en langue ce que la Première Femme ne pourrait pas entendre. Elle aurait dû le prévenir, sa femme à lui, elle qui sait la langue de Koko. Entre le Père et la Mère de Nono, un ouragan passe parfois. Lui, régulièrement, fulmine. Son phrasé à elle est en notes suspendues, mezzo-soprano pour vous servir.
Spectre entêtant et bienveillant qui traverse le récit, Mbombo, la grand-mère de Koko, glisse sur scène. Pour convoquer cet autre temps, nous lui avons donné une langue d’antan, une langue qui résiste et dessine un outre-monde : le créole guyanais. À travers Koko, elle s’adresse à Nono, la fille du haut dignitaire qui a fait exiler Koko. À hauteur d’enfant la passion pour la chanteuse se déploie en une fable poétique et politique, transmission chorale de générations de femmes combatives.
« Atemengue » – complainte de la femme dont le ventre ne répond pas – est la chanson qui fâche, cause de l’exil. La maternité est interrogée en particulier : si l’absence de descendance crée l’opprobre, peut-elle être un choix ? À qui appartient le ventre de la femme ?
→ Guyane